Clair de Lune. [PV]

« Il n'y a qu'une Lune ici.
Et elle est ma seule Reine. »

Private Sharpe Buck ▬

Douce nuit, belle nuit. Aucun nuage pour venir gâcher le fabuleux spectacle qui se donnait ce soir dans le ciel d'Exode. La voûte céleste brillait de milles feux par les centaines de petits points lumineux qui s'y répartissaient, parfois en formant d'incongrus dessins. Et il y avait cet astre au contour bien rond, parfaitement dessiné, qui dominait toutes les étoiles de sa splendeur féérique. Quel spectacle enivrant.

Assise en retrait, une louve contemplait le ciel. Museau levé au ciel, elle en parcourait l'immensité de ses yeux d'or pâle. Doucement, elle ferma son regard aux ténèbres et entonna un chant cristallin qui semblait venir du plus profond d'elle-même, venir de son cœur même. Douces notes qui s'envolaient au gré du vent, en l'honneur d'une mystérieuse personne, reflet de son passé. Puis elle baissa la tête et rouvrit les yeux pour fixer son regard sur l'étendue liquide qui se déroulait devant elle. Un sourire étira ses babines ; il était là. Toujours au rendez-vous. Mais la dame blanche resta de marbre, portant juste ses oreilles vers l'avant, signe de son attention accrue, comme si l'illusion allait lui lâcher quelques paroles. Mais cette dernière disparut, aussi rapidement qu'elle était apparue à son regard. Comme chaque fois, la louve eut un petit pincement au cœur, qu'elle oublia bien vite. Il était temps pour elle de se remettre en mouvements.
La belle blanche se remit en marche, longeant la rive d'une allure légère. Souple. Fantôme parmi les ombres, elle se mouvait avec la grâce d'une panthère des jungles profondes. Le lac reflétait furtivement son corps allègre et son pelage devenu argent sous les rayons lunaires. Il n'y avait que la nuit qu'elle paraissait si belle, splendide même et intouchable. Pourtant elle était loin de s'en préoccuper, malgré ce que l'on aurait pu croire. Elle ne se pavanait pas ; elle faisait plutôt sa marche de santé. C'était un besoin que de bouger, d'avancer, de parcourir et que d'être à l'affut de la moindre occasion pour se prouver sa puissance, pour mettre à plat son jugement et faire valoir ses féroces atouts. Quel serait le prochain inconnu à croiser sa route ?

Jeu 7 Avr - 5:57

L'endroit est beau, même sublime. Mais les yeux lumineux d'un mâle aux muscles saillants ne peut plus deviner cette beauté nocturne. Il erre, depuis à présent deux lunes pleines. Allez savoir, où il va et pourquoi. Que cherche-t-il ? Nul ne le sait. Le bruissement du vent dans quelques broussailles éparses le fait tressaillir. Il se retourne brusquement, une lueur inquiète et un peu étrange dans les yeux. Il reste là, sans bouger, attendant qu'une présence se manifeste. Mais plus rien ne bouge, tout est calme et silencieux, sinon le bruit des vagues venant lécher le sable sur le rivage. Sharpe Buck reste quand même encore un peu immobile puis il détourne la tête et reprend sa marche souple et silencieuse.

Il effectuait souvent ce genre de marche nocturne autrefois. Non pas qu'il ressente le besoin de se faire valoir aux yeux des autres, simplement dans le but de marcher, de se prouver qu'il pouvait encore vivre ou survivre. Une brise légère ébouriffe les poils de son échine, rendus argentés sous la lumière blafarde de la lune. Et puis, au fur et à mesure qu'il marche, il se rapproche d'une baie ouverte sur l'océan et un vent marin souffle sur son pelage. Le loup massif s'arrête pour regarder à nouveau derrière lui. Il ne voit que ses traces sur le sable blanc. Toutes sortes d'idées folles lui traversent l'esprit. En moins d'une seconde, il a eu le temps de se faire peur, d'imaginer une troupe d'animaux mutants et baveux se lançant à ses trousses en suivant ses traces. Alors il fait demi-tour et, frénétiquement, il asperge de sable toutes les traces qu'il a pu laisser. Puis il repart, créant de nouvelles traces mais ne s'en apercevant pas. Les méandres de son esprit travaillent, torturant sa raison qui n'est qu'une infime présence dans son cerveau. Et ce même cerveau assimile une présence lupine. Droit devant. Le coeur du loup panique. Une présence. Cette présence l'a suivit, elle va se jeter sur lui, en faire de la charpie. Il se raidit, prêt à affronter le monstre qui va se jeter sur lui. Au lieu de cela, il découvre uniquement une louve d'une blancheur éclatante, le nez levé vers la lune. Mais Sharpe Buck ne se détend pas. Il est certain que cette louve n'est qu'une apparence. Sous son air désinvolte et sage se cache une furie qui n'attend que qu'il tourne le dos pour se jeter sur lui. Il reste donc à distance, prêt à montrer les crocs.

Dim 10 Avr - 0:10

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