 Sujet: ▬ Et si écrire permettait d'extérioriser ? | |
| Cette fille-là, la connais-tu ? Tu sais, c'est une fille comme les autres, ou presque. Cette fille, elle ne pleurait jamais, non, elle souriait. Toujours. Même quand ça n'allait pas. Elle, elle ne pleurait pas, elle se taisait, puis elle riait. Elle, elle ne voulait pas se confier, elle ne voulait pas gêner, elle préférait se cacher. Elle se cachait derrière des masques, comme au carnaval. Cette fille, elle pleurait parfois, mais pas pour elle. Elle, elle pleurait pour les autres. Quand ils n'allaient pas bien, quand ils se confiaient. Cette fille, c'était une battante. Elle était forte, forte pour deux. Parfois elle craquait. Ça s'écroulait, mais seulement dans l'obscurité et le silence de la nuit. Et devant ses amis, elle riait. Et elle les faisait rire, eux qui faisaient son bonheur. Cette fille-là, elle était droite, elle était fière. Elle n'avait pas d'ennemis. Elle n'avait pas de rancune. Elle, elle croyait que ça continuerait. Elle pensait que ça tiendrait encore des années. Mais la balance tanguait. La balance a lâché. Cette fille-là, elle a pas supporté. Elle, elle a pleuré, elle a hurlé. Mais il n'y avait plus personne pour l'entendre. Ils étaient loin. Elle avait dressé des barrières, elle. Et ils n'étaient plus là. Cette fille était partie et elle s'est mise à pleurer. Chaque jour. Elle a hurlé, chaque jour. Elle appelait à l'aide mais il était déjà trop tard. Tout le mal refaisait surface. Tout ce qu'elle avait caché, avec fermeté. Tout remontait et la noyait. Et cette fille-là, elle ne s'en est pas sortie. Tu la vois là, non ? Rappelle-toi de cette fille-là. Rappelle-toi quand elle souriait. Pas là, quand la vie l'a quitté. La surface lisse ondulait calmement, balayée par la légère brise. En son cœur brillait un cercle argenté à la douce lueur irisée. La forme semblait se mouvoir au gré des vaguelettes, comme si elle suivait le rythme lent d'une danse sensuelle. Autour de cette étendue aquatique aux contours indistincts, les longs rideaux de saules pleureurs se pliaient à la volonté de l'alizé. Ils semblaient émettre un gémissement, si bas et si las qu'on les croirait à l'agonie. L'herbe rabougri à leurs pieds était blanchie. Le givre matinal la recouvrait de toute part et l'étouffait entre ses bras de glace. La nuit planait, silencieuse, furtive, tel le prédateur à l'affut de sa proie. Mais aujourd'hui, elle ne pouvait pas faire sortir les montres de l'obscurité, car l'astre d'argent veillait. La lune, mère dans les cieux, répandait ses rayons de lumière sur le sinistre paysage. Le givre s'éclairait de milliers de petits éclats brillants et chaque brin d'herbe émettait alors une douce lueur. Chaque branche était un fil de glace flottant au gré du vent, tel des cheveux d'argent. La surface du lac miroitait gracieusement en reflétant l'iris de la mère céleste, lui renvoyant avec plaisir son image pour qu'elle puisse contempler sa beauté, ses effets de lumière sur la nature et ne cesse jamais de revenir illuminer la Terre de ses doux rayons. Sam 28 Jan - 3:31 |
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