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 « Folie pure. [L]

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Opium Deal

    Fσи∂αтяιcє
Opium Deal
Puf : Tora & Padou :D Naissance : 28/04/1993 Messages : 1228

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Sujet: « Folie pure. [L]   





      J'aimerais tant pouvoir crier,
      Hurler mon mécontentement,
      Je voudrais pourquoi pas voler,
      Et sonner mon enterrement.
      Tora.

      L'étalon galopait. Dans cette étendue aride privée de l'eau, de plante ; de vie. Il galopait à en perdre haleine. Sa tête basse, son encolure arquée, sa queue flottant derrière lui. Ses foulées irrégulières, désordonnées. Le grand ébène trébucha, manqua de manger la poussière. Pourtant il se redressa et reprit sa course, comme si sa vie en dépendait. L'écume blanche contrastait sur son encolure d'encre. Le sable grenat volait autour de lui, nuage de poussière éphémère. Brusquement, l'étalon freina, balança ses postérieurs sur le côté, puis bondit des quatre sabots, il reprit appui au sol et éleva ses antérieurs, puis de nouveau décocha une violente ruade. Il se mit à bondir en tous sens, la tête tantôt entre les antérieurs, tantôt levée vers le ciel comme un appel aux dieux. Le mâle de jais envolait des gerbes de sable dans le silence du fracas de ses sabots qui s'entrechoquaient parfois. Comme si la folie s'était emparée de lui. Ses naseaux étaient dilatés et on pouvait voir que sa respiration était saccadée, heurtée. Même ses yeux semblaient vouloir sortir de leur orbite. Encore quelques bons violents et l'animal se stoppa aussi brutalement qu'il avait explosé. Ses postérieurs étaient légèrement en avant de son corps, ses antérieurs bien tendus et la tête très haute, ses oreilles se confondant à ses crins. Même sa lèvre supérieure était retroussée, armant des dents plus dangereuses qu'on ne le croirait. Mais contre qui se battait-il donc ?

      Non, non, non .. Non, non, non ! C'est impossible. Quel est donc ce monde de fous dans lequel je vis ? Quelle est donc cette terre qui m'a tout volé ? Pourquoi cette pluie de feu m'a-t-elle enlevé ce à quoi j'avais à peine eu le temps de goûter ? Ne puis-je pas hurler ; hurler et évacuer cette peine qui me ronge ? Cette colère sombre, ce désespoir profond. Je n'arrive pas à croire ce qui arrive ; tout ce qui vient de se passer dépasse l'entendement même. Les territoires sont détruits. Les clans sont dévastés. Beaucoup de loups et chevaux sont morts, d'autres sont blessés plus ou moins gravement. La désolation habite les terres et le désespoir les cœurs. Et pourtant, tout cela m'est futile. Parce qu'à quoi bon avoir une terre où vivre ? À quoi bon avoir un troupeau à diriger ? À quoi bon devoir se battre contre un ennemi ? Si toi tu n'es pas là pour galoper près de moi. Pas là pour me faire part de tes opinions et de ta sagesse pour guider les nôtres. Si tu n'es pas là pour me souffler à l'oreille que j'arriverais toujours à vaincre. Pour me donner la force de vaincre. Non, si toi tu n'es plus là, alors le monde ne tourne plus rond. Je refuse. Je refuse mon troupeau, je refuse mes ennemis, je refuse mes terres, je refuse cette vie, je refuse jusqu'à mon cœur. Et pourquoi pas deviner un pantin.

      Quel égoïsme. Quelle traitrise. Que suis-je devenu par cet amour si passionnel et sincère ? Que mon troupeau bafoue mes règles ; je ne le mérite plus. Le grand noir, Opium Deal, bondit alors en avant, fouettant violemment l'air de sa queue et balançant sa tête vers l'arrière. Se faire violence. Je ne peux pas abandonner les miens, pas maintenant. Serais-je donc capable de laisser la tête de mon troupeau à quelqu'un d'autre ? Aurais-tu accepté que je laisse tomber, que je baisse les armes ? Non, si tu étais là ma Quater, tu me pousserais à continuer et à me battre. Je ne suis pas un faible, non je ne suis pas un lâche.
    « Folie pure. [L] EmptyVen 21 Jan - 13:38


    Dernière édition par Opium Deal le Jeu 31 Mar - 8:23, édité 3 fois
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   

    « Le jour se lève,
    et mon heure fait encore un pas »


      L'errance de la louve s'était stoppée ici. A l'instant même où ses pattes avaient touché le sable. Parce qu'à partir de cet instant, elle avait su où elle allait. Elle avait su qu'au-delà de ce brasier rougeoyant se trouvait ce qu'elle cherchait. Rien. Un calme frais, doux, accueillant. Un endroit où tomber. C'est ce qu'elle voulait, désormais. La fin de tout. Enfin, la sienne. Mais ça revenait au même. Alors elle avait esquissé un pas. Et un deuxième. Pendant plusieurs heures, Endless avait avancé au milieu du sable cramoisi, sans pouvoir se repérer. Pas une once de vent ne venait lui indiquer la direction à prendre. Pas une empreinte sur le sol, pas un son autre que le craquement de ses foulées sur le gravier friable. Mais elle continuait.

      Le soleil pointait à son zénith et la chaleur devenait insupportable. L'horizon semblait pris de convulsions, provoquées par la canicule. Ou peut-être pas seulement .. Quelque chose se mouvait dans ce paysage aride, une figure presque irréelle, d'un noir de jais. Mais peut-être ses sens la trompaient-elle. Ses yeux la brulaient, le sable s'engouffrant sous ses paupières mi-closes. Après quelques mètres supplémentaires, c'était offert à la blanche un spectacle magnifique et sinistre à la fois. Un étalon d'une taille et d'une carrure incomparable luttait contre le vide, défiant la Terre de sa présence. La louve recula de quelques pas, admirant la folie s'immiscer dans cet être. L'animal paraissait luter contre lui-même, se débattant comme une vulgaire proie prise au piège. Endless n'avait pas peur de lui, malgré la puissance qu'il dégageait. Tous ses muscles travaillaient à l'unisson, roulant sous ses poils mousseux de sueur.

      Un rire sec s'échappa de sa gorge, expression absurde au milieu d'une telle scène. Mais ce cheval la rassurait. Pendant une seconde, elle ne se sentit plus seule. Pendant une seconde, elle redécouvrit la compassion. Et il lui semblait que tout sentiments l'avaient désertée depuis longtemps. Trop longtemps. Viens danser avec moi ..
      Viens, et sauvons ce qu'il nous reste ! Qu'as-tu perdu, noble étalon ?
    « Folie pure. [L] EmptyVen 28 Jan - 7:41
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   


      Entre dans la danse, sage louve.
      Entre dans la danse et vient goûter les plaisirs perdus.


      Le soleil brillait de ses feux ardents, illuminant ses reflets aux couleurs chocolat. Brûlant la robe de jais de l'étalon, y faisant naitre l'écume blanchâtre. Cette écume qui témoignait de sa course et de son déchainement extérieur ; sans parler du combat intérieur qu'il menait. Mais lequel était le plus douloureux ? Le dominant n'était-il pas devenu que l'ombre de lui-même ? La lumière en lui semblait s'être éteinte. Depuis quand ? Tant de questions que l'on pouvait se poser. Tant de questions dont les réponses ne changeraient rien. On ne pouvait pas revenir dans le passé. Que n'aurait-il pas donné sinon pour rembobiner et faire de meilleurs choix ! Était-il donc un si mauvais dominant ? Beaucoup trop des siens avait péri. Il n'avait pas su sauver ceux de son troupeau. Il n'avait pas pu la sauver ; Elle. Peut-être que ceux qui le défiaient et s'enfuyaient avec d'autres avaient en fin de compte raison ? Peut-être ne pouvait-il plus assumer son pouvoir. Opium Deal se débattait contre lui-même, comme enchainé. La folie s'était emparée de lui et faisait se courber son corps en tout sens ; déchainant foule de sentiments furieux. Jusqu'à ce qu'il se soit arrêté brutalement, s'interdisant ses pensées pessimistes. Devoir encore garder l'espoir dans ce monde de fous.

      La louve était là, sur son flanc. Ses courbes indistinctes formaient une silhouette claire qui se détachait de l'horizon. Un instant, l'étalon la prit pour un des nombreux mirages que l'on pouvait croiser dans un désert tel que celui-ci. Mais non ; elle était bel et bien réelle. Éloignée et floue à sa vision, mais réelle. Et il en éprouva un étrange sentiment de soulagement. Il n'était pas seul. Si elle était là, c'est qu'elle avait aussi un compte à régler avec le destin ; n'est-ce pas ? Ou alors se trouvait-elle assez folle pour s'aventurer ici et s'approcher du monstre qu'il devait paraitre. Durant un laps de temps indéfini, ils restèrent tous deux immobiles et la scène sembla se mettre en pause. Puis réagissant à une pulsion intérieure, l'étalon fit un bond en avant, balançant violemment sa tête de droite à gauche ; avant de seulement prendre le pas. Il marchait comme à pas mesurés et se rapprocher de la louve, dont les lignes se précisaient. Prenant le trot, il dévia de sa ligne et commença à tracer une courbe qui lentement mais sûrement, contourner la belle blanche. Mais quand celle-ci tourna ses yeux vers lui, un électrochoc le stoppa dans son élan. Soudainement plongé dans ses souvenirs, il trébucha dans le sol friable et ne se récupéra qu'avant de manger la poussière. Redressé, il courba l'échine et caressa son poitrail, là où une longue cicatrice zébrait sa robe. Winter. Alors la folie s'était vraiment emparée de lui .. La louve était morte, il était impossible qu'elle soit là, devant lui. Il l'avait tué de ses propres sabots ; à moins que ces derniers mois ne furent que le fruit de son imagination débordante ! Le mâle fit un écart et se tourna face à la louve, pour se diriger vers elle au pas, les oreilles pivotant sans cesser d'un côté et d'un autre. Malgré ses yeux exorbités par la sable, le vent et la chaleur, il ne montrait plus tant d'agressivité qu'auparavant. Pourquoi ne pas échapper un instant à tout ce qu'il avait connu depuis le départ ? Qu'il défie les traditions ; le Destin avait entravé ses résolutions. Amusons-nous, belle louve.


      « As-tu connu la noble Winter, belle inconnue ? Es-tu donc son reflet qui vient me hanter ? »
    « Folie pure. [L] EmptySam 29 Jan - 6:34
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   

      L'étalon sembla contenir la folie qui le rongeait, tandis qu'il s'approchait de la louve. Lentement, elle le détailla. Sa robe chocolatée, ses oreilles alertes. Et son regard interdit, lorsque les yeux d'Endless croisèrent les siens. Tout deux se fixaient, s'interrogeaient. La belle louve blanche, aussi froide et vide qu'une coquille brisée, ne ressentait ni peur, ni intérêt. Le sable couleur de sang s'accrochait à ses flancs, précisant cet aspect négligé et affligeant qui ne la quittait plus.

        « As-tu connu la noble Winter, belle inconnue ? Es-tu donc son reflet qui vient me hanter ? »

      Le coeur d'Endless eu un raté. Winter .. Oui, elle l'avait connue. Elle l'avait protégée, secrètement aimée, à l'ombre des arbres et des mensonges. L'angle de sa nuque se brisa, et son museau effleura le sable brulant. Ses mâchoires se serrèrent d'elles-mêmes, si fort que ses canines entamèrent la chair de sa gueule. Tout ce contre quoi elle s'était battu, tout ce qu'elle avait enfermé au plus profond de son âme venait de ressurgir, à la simple évocation de ce nom. Toute la douleur. Tout les regrets. Tout ces sentiments qui finiraient par la tuer. Son souffle se fit heurté, et de multiples images envahirent son esprit. Un hurlement sous la lune, un mot glissé doucement, un coup de crocs en plein cœur. Tu n'es pas le seul que son fantôme tourmente .. Qu'était-elle devenue, la belle ?

        « Je me déplais de te contrarier, noble étalon. Je ne connais pas cette louve. Je reviens d'un long voyage .. Mais raconte moi, qui était-elle ? »

      Étrangement, maintenant, elle avait peur. Et son regard terrifié ne manquerait pas de la trahir. Elle aurait voulu fuir, mes des réponses s'offraient enfin à elle. Secouant la tête, elle se ressaisit, et s'assit sur le sable, transperçant de ses iris les pupilles du cheval. Il pouvait l'aider. Il pouvait la sauver.

      Je ne suis pas Winter.
      Non.
      Seulement l'une de ceux qu'elle a quitté.
    « Folie pure. [L] EmptyDim 30 Jan - 3:50
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   


      Emmène-moi avec toi.
      Et fait-moi mal.
      Venge-toi.

      Le soleil me brûle la peau, me calcine le cœur. Mais je suis face à toi, bien debout sur mes quatre membres tremblant de fatigue, le port de tête haut et le regard alerte. Une question t'as été posée ; j'aimerais que la réponse soit celle que mon être demande. Pourtant « Impossible » s'affiche, clignote au compartiment de la raison. La réponse se fait attendre car tu sembles souffrir. Pourquoi tant de douleur dans ton regard à l'évocation de ce nom ? « Je me déplais de te contrarier, noble étalon. Je ne connais pas cette louve. Je reviens d'un long voyage .. Mais raconte moi, qui était-elle ? ». Tu dis ne pas la connaître, noble louve ; alors pourquoi tant de peine et de peur à l'image de la belle blanche ? Je ne puis te croire, que tu le saches. Il n'y a que les apparences qui font de moi un fou ; mais je pense ne pas l'être encore tout à fait. Pas assez pour que tu puisses me faire croire que tu ne connais pas Winter. Dame parmi les louves. Reine parmi les siens. Ne me conte pas d'histoire. Non ne me mens pas ; tu lui ressembles bien trop pour qu'elle te soit inconnue. Tu sais, la belle, l'Alpha te ressemblait tant. Elle avait comme toi ces contours fins et athlétiques, ces muscles bien taillés qui roulaient sous son pelage d'argent. Même si toi tu sembles négligée au centre du désert, je devine sa carrure dans la tienne et sa beauté dans la tienne. Pire encore, ce regard implacable et glacial. L'azur de ses yeux brille dans les tiens. Dieu que je souffre.

      Tu n'es pas Winter, non.
      Comment pouvais-je y croire ?
      Alors que la vie lui a été ôtée.
      De mes sabots même.


      « Elle était le successeur de Seven ; bien plus noble que lui. »

      Seven n'était qu'un Monstre. Elle était une Reine.

      « Alpha, elle méritait le respect. Elle l'inspirait. Sa meute la suivait aveuglément, buvait chacune de ses paroles et avait une totale confiance en son jugement. Winter était une Alpha de mérite et une combattante hors-pair. »

      Tant de regrets m'écrasent le cœur. Je n'ai plus la force de me battre, plus la rage de vaincre. Depuis qu'elle n'est plus là. Te rends-tu compte belle louve, de ce que tu as manqué durant ton périple ? Tu as loupé les années de gloire de la blanche louve. Ne me dis pas que tu as été aveugle à son règne ; tandis que moi j'y ai mis fin. Imperceptiblement, mon corps tressaille. Puis je fais quelques pas près de toi, m'éloignant puis revenant. En moi, le feu brûle et je ne tiens presque plus en place .. J'ai envi de galoper à en perdre haleine, jusqu'au moment de m'effondrer sur le sable brûlant. Viens avec moi, courrons côte à côte et oublions tout ce qui nous fait mal ; enivrés par un plaisir perdu. Oublie ces mots-là :

      « Mais oui, Winter est morte. »
    « Folie pure. [L] EmptyJeu 31 Mar - 8:56
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   

        « Elle était le successeur de Seven ; bien plus noble que lui. »

      Son cœur s'accéléra.
      Seven ..
      Ainsi avait-elle finit par suivre ses traces. Il avait mit ses projets à exécution. Les desseins de toute une vie. Celle d'Endless. Elle qui avait veillé dans le plus profond secret à se fondre dans la nuit, à protéger chaque jour cette Reine qui ignorait sa présence même. Au yeux de la belle blanche, Endless n'avait jamais existé. Jamais elle n'avait prêté attention à cet ange, cette ombre.

        « Alpha, elle méritait le respect. Elle l'inspirait. Sa meute la suivait aveuglément, buvait chacune de ses paroles et avait une totale confiance en son jugement. Winter était une Alpha de mérite et une combattante hors-pair. »

      Que d'éloges lui faisait l'étalon. Était-elle en tout points si parfaite ? Brillante par sa beauté et par sa droiture, tandis que sa sœur tirait un trait sur ses souvenirs ? L’ombre et la lumière. Voilà ce qu'elles étaient. Tandis que l'une était soleil, l'autre était lune. Et aujourd'hui, l'obscurité avait prit possession du monde, privé son étoile.

      L'étalon s’éloigna un instant, avant de rebrousser chemin. La chaleur écrasait le corps de la louve, et le sable cramoisi s’engouffrait dans sa gorge asséchée.

        « Mais oui, Winter est morte. »

      Elle était forte. Dans son sang coulait la puissance et le courage de sa lignée. Une lignée de grands loups, qui avaient un jour laissé une trace en ce monde ténébreux. Mais si elle avait imaginer un seul instant à quel point la douleur serait fulgurante, elle n'aurait pas hésité une seconde pour décamper sur-le-champ. Tu ne lui apprenais rien, l’étalon. Oui .. Winter est morte. Winter n’est plus.
      Mais le monde n'a pas cessé de tourner.

        « Était-elle si grande à tes yeux, toi qui est l’un de nos ennemis ? »

      Leurs ennemis. Elle ne faisait pas partie de cette meute. Elle n'était plus rien. Et avant qu'elle ne se retrouve, l'éternité aurait prit fin.
    « Folie pure. [L] EmptyJeu 31 Mar - 9:57
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   


      Qu'on me blâme et me frappe,
      Que la soleil me mettre en cendres,
      Rien ne sera jamais plus douloureux,
      Que le jour où je me suis perdu.

      Quand était-ce déjà ? Jour fatidique de la perte de soit. Ou peut-être n'était-ce pas qu'un ? Je crois que trop d'événements ont bousillé ma vie, mes plans, mon rôle, mes objectifs. Je crois qu'on m'a bousillé. Qu'on m'a écrasé, broyant mon cœur et arrachant ce qui me permettait d'avoir encore de la raison. Il n'y a sans doute plus que mes os qui tiennent le coup, mes muscles qui me répondent ; je ne suis plus qu'une coquille vide. Entends-tu ce requiem qui sonne, qui doucement s'élève en moi ? Je crois que je l'entends ; le chant de la Mort. Pourtant non, ce n'est pas encore mon heure. Je me sens fort, je me sens droit, je sens encore mon sang battre dans mes veines. Et la Vie qui coule en moi n'a pas encore rendu les armes. Peut-être le devrait-elle ?


      « Était-elle si grande à tes yeux, toi qui est l’un de nos ennemis ? »

      Revenir à la réalité, avec quelques mots qui glissent dans le vent. Mon regard d'encre sur pose sur toi, aussi impénétrable que les ténèbres de l'Enfer. Non, elle ne devait pas être assez grande encore. Pas assez pour s'enfuir quand il était encore temps. Pas assez pour que je ne donne pas le coup fatal. Mais petite louve, je ne suis finalement pas plus grand qu'elle, tu sais. Car aujourd'hui, je ne me relève plus. Parce qu'en ce jour, je me sens descendre au fond du gouffre, lentement, comme si des sables mouvants prenaient le temps de me dévorer. Je ne veux pas y aller, pourtant je laisse la folie posséder mes pensées. Parce qu'Elle n'est plus. Parce qu'Elles ne sont plus. Elles étaient deux, maintenant je suis seul. Alors à quoi bon se battre ? Dis-moi, la belle, que me reste-t-il ?

      Un troupeau,
      Qui lentement se déchire.
      Un coeur,
      Qui lentement se fissure.
      La force,
      Qui doucement m'abandonne.
      Le courage,
      C'est tout ce qu'il me reste.


      « J'ai été le plus fervent de ses ennemis. Je me souviendrais d'elle chaque jour. »

      Winter, noble Alpha, entend mes paroles. Souviens-toi de ce dernier combat, souviens-toi de nos regards échangés. Cette haine qui nous habitait. Et cette force aussi, quand nous avons dansé une dernière fois. Crois-tu que cette louve qui te ressemble au physique, porte en elle les mêmes traits de noblesse, de courage et d'honneur ? Penses-tu que mon plus grand péché puisse lui être avoué ? Car j'aimerais galopé une première fois avec elle, rien qu'une fois avec toi, comme si tu étais là.

      « Accepteras-tu de courir au côté d'un de tes ennemis, belle inconnue ? »

      Je fais un pas en arrière, baissant légèrement ma tête bien taillée, les oreilles dirigées en ta direction. Mon antérieur gratte le sol sous l'impatience, le feu ardent qui me dévore. Vois-tu dans cette invitation, la folie qui me parcourt ? Galoper au côté d'un loup ; si un jour on me l'avait dit, j'aurais préféré mourir que d'accepter. Mais aujourd'hui est un jour différent. Aujourd'hui est un aveux.
    « Folie pure. [L] EmptyMar 17 Mai - 6:42


    Dernière édition par Opium Deal le Jeu 19 Mai - 7:19, édité 4 fois
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   

      Si c'était ça, la folie, elle était aliénée. Car le plaisir malsain que lui apportait le regard perdu de l'étalon détaillant sa fourrure sale n'avait rien de rationnel. Peut-être découvrait-elle que le monde entier était devenu fou. Peut-être était-ce le chant de sa vengeance, qui s'exercerait bientôt. Qui ferait danser son corps félin sous l'effet de sa fureur.

        « J'ai été le plus fervent de ses ennemis. Je me souviendrais d'elle chaque jour. »

      Était-il donc celui qu'elle cherchait ? Non, c'était impossible. Elle ne pouvait le croiser ainsi, par hasard, alors que des mois durant elle avait remué ciel et terre en attendant cet instant. Le vent se leva soudainement, apportant l'odeur épicé de l'étalon jusqu'au museau de la blanche.

        « Accepteras-tu de courir au côté d'un de tes ennemis, belle inconnue ? »

      Il devait être le plus digne de tous ceux de son espèce. Digne même, d'être leur chef. Le plus vif, certainement. Il avait comprit qu'Endless ne lui chercherait pas querelle. Pas encore. Elle devait vérifier. Elle devait comprendre. Et s'il était celui qu'elle cherchait, alors il paierait de sa vie le mal qu'il avait provoqué. Si c'était lui, il était responsable de bien trop de malheurs. Bien trop de souffrances intolérables contre lesquelles elle avait lutté. Si c'était lui, il vivait en cet instant son dernier jour.

        « Je courrai avec toi. Jusqu'à ce que l'un de nous ne puisse plus avancer. Jusqu'à ce que la terre s'arrête, si tu le souhaites. Mais tu dois me donner quelque chose en retour. Tu dois tenter de me sauver. »

      La voix de la blanche vibrait sous l'effet de l'impatience, et de cette terreur dévorante qui régnait dans son cœur. Son corps entier était secoué de toutes parts. Et sans un autre mot, elle tourna le dos à l'étalon, et détalla.

      [•••]

      Elle aurait aimé hurler. Hurler sa folie et son angoisse. Hurler ses idées de vengeance. Hurler les mots de cette voix, qui, au fond d'elle espérait qu'elle se trompa. Aurait-elle la force de mettre fin à la vie de l'étalon ? Elle entendait à son côté les sabots du cheval s'étaler dans le sable d'un bruit sourd, envoyer valser des gerbes rougeâtre sous leur puissance. Aurait-elle seulement une chance ? Tant qu'il était là, elle se sentait vivante. Agile et légère. Telle la chasseresse qu'elle avait été un jour. Telle cette espionne, filant comme une ombre sous la noirceur des arbres.

      Dans le fond, était-ce si important ? Voulait-elle vraiment savoir ?
    « Folie pure. [L] EmptyJeu 19 Mai - 7:15
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   


      Ne le vois-tu pas planer là ?
      Sombre, opaque, qui enrobe mon coeur.
      Ne le vois-tu pas m'étouffer de ses doigts ?
      Le brouillard noir des regrets.

      Nous sommes fous, la belle, je le crois. Tu as ce même regard, aussi confus et noir que le mien, comme si des milliers de corbeaux y déployaient leurs ailes, couvrant chaque parcelle du ciel dans des tournoiements et des ébats sans chemin, sans raison, simplement par déchainement. J'ose penser que tu es de ceux qui sont différents, de ceux qui méritent le jugement, de ceux qui méritent la justice, de ceux qui méritent l'estime ; la mienne. Serais-je en train de te donner grâce de ma haine, grande blanche ? Après tout, je suis peut-être devenu fou. Ou n'est-ce que le soleil, qui doucement fait partir en fumée ma raison ? Je ne sais pas. Je ne sais même plus si c'est le vent qui donne à ma crinière cet élan, mes crins venant fouetter mon encolure et rayés ma vision. Je ne sais plus si je dois rester ou partir ;
      « Je courrai avec toi. Jusqu'à ce que l'un de nous ne puisse plus avancer. Jusqu'à ce que la terre s'arrête, si tu le souhaites. » ; galoper jusqu'à la fin. Tu as peut-être raison après tout. Peut-être est-ce là la solution de tous les maux ? Et si nous disparaissions au milieu d'un tourbillon de sable, le monde s'en trouverait-il plus éploré qu'auparavant ? Je ne le crois pas. Nous ne sommes que deux êtres parmi les êtres. « Mais tu dois me donner quelque chose en retour. Tu dois tenter de me sauver. » Tes paroles laissent en moi planer le doute. Qu'attends-tu seulement de ma personne, blanche louve ? Moi qui ne suis plus que l'ombre de moi-même, le reflet d'un étalon passé et dépassé.

      Le feu me prend de tout part, alors que déjà lumineuse boule blanche, tu t'éloignes à une haute vitesse. Je prends mon élan, sentant en moi mes muscles se bander, juste avant de m'élancer. Mes sabots frappent le sol avec violence, décochant autour de moi des nuées rougeâtres de poussière et de cailloux. Et ces pas de désordre déverse ma colère, cette colère bouillonnante qui en moi résonne, écho des regrets qui m'étreignent. Je te rattrape la belle et tu n'as pas peur de ce fracas grandissant, tu n'as pas peur que de mes sabots je te brise les os. Et comme si Elle voulait se venger, j'entends à nouveau ce craquement sinistre, celui de ses côtes qui se brisent. J'en ressens presque la brisure sous mes pieds. Vas-y Winter, fait-moi souffrir. Venge-toi de tout ce que je t'ai enlevé. Déverse-sur moi la haine de tes compatriotes. Et je pourrais m'effondrer. Déjà je suffoque.

      « Pardonne-moi ! »

      Quelques mots qui semblèrent s'effacer au cœur du vent qui fouette mon chanfrein, à peine fussent-ils sortis de ma bouche. Pourtant je les ai criés, je crois. Est-ce possible que des excuses j'ai dit ? Le soleil et le désespoir m'ont sans doute volé le peu de conscience qui me restait. Voilà que mes jambes galopent sans raison, pourtant à l'unisson. Mon corps survivra-t-il encore longtemps à cette course effrénée ? Pourtant, non, je ne cours pas vite ; je cours à tes côtés. Pourtant je sens mon corps vigoureux. Mais la course de la vie me rattrape et un jour le dernier concurrent, la Mort, m'avalera sans remord.

      « Et si mon cœur s'arrêtait ? »

      Murmures. Petits mots soufflés, presque inaudibles sauf aux oreilles attentives. Et si mon cœur s'arrêtait ? Je mourrais. Je mourrais en sentant chaque muscle de mon corps travailler, en sentant le vent s'engouffrer dans ma crinière, en sentant l'agréable brûlure du soleil sur ma peau .. En sentant la liberté couler dans mes veines. Vois-tu la belle, ce qu'aujourd'hui nous partageons ? Peut-être demain nous déchirerons-nous. Mais aujourd'hui est un autre jour. Bientôt je te sauverais.
    « Folie pure. [L] EmptyJeu 19 Mai - 9:15


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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   

      Le sable brulant s'étirait à perte de vue. Étendue ardente de doutes et de perdition. Ceux qui tentaient de s'égarer en ces lieux ne désiraient qu'une chose. C'était ça, qu'Endless était venue chercher. Et c'était certainement ça, qui la poussait à courir aux côtés d'un cheval, de l'une de ces créatures qu'on lui avait apprit à détester. Pourtant elle n'avait pas peur. Elle ne craignait pas la furie de l'animal, qui semblait lui accorder une confiance ténébreuse. Elle sentait sa présence, tout près .. Le moindre coup lui serait, dans ces circonstances, nécessairement fatal. Mais elle restait là, à écouter. A percevoir ses antérieurs forts fouler le sable fin, ses dents qui parfois s'entrechoquaient lors d'une foulée trop puissante. Toutefois, elle ne s'attarda pas sur ces détails. Ce qui l'attirait, la fascinait, c'était ce souffle .. Ce souffle de plus en plus heurté. De plus en plus faible. Cette gorge serrée, et l'air qui tentait de toute ses forces de la dénouer. Puis cette hésitation, son corps qui titubait. Quelles qu'étaient ses pensées, il sembla à Endless qu'elles finiraient par le tuer. La blanche avait échappé à tout ceci. Les pensées ne tuent pas, non. Mais la douleur qu'elles procurent, le vide qu'elle instaurent, qu'elles arrachent au fond des cœurs. Voilà ce qui tue.

        « Pardonne-moi ! »

      Jamais encore elle n'avait senti une telle puissance, une telle passion dans les mots de qui que ce soit. Et jamais encore elle n'avait été si troublée par un autre.
      Que dis-tu, l'étalon ? A quel fantôme t'adresses-tu ? Chasse-le, car c'est ta décadence qu'il veut.
      Endless stoppa sa course subitement. Une chose venait de lui effleurer l'esprit. Une chose qu'elle avait repoussé. Qu'elle haïssait avant même qu'elle n'ai caressé sa conscience. Il était celui qu'elle cherchait. Il était celui qui avait déchiré son âme. Qui l'avait tuée, maintes et maintes fois.

        « Et si mon cœur s'arrêtait ? »

      Peut-être lut-t-il dans ses pensées. Peut-être sentait-il la fureur, la démence s'élever dans chaque muscle de la louve. La haine - une haine si violente ! - détruire chaque sentiment, les dépecer de ses griffes acérées pour les réduire au silence. Peut-être croisa-t-il l'éclat de cette frénésie au fond de ses yeux de saphir.
      Son cœur allait s'arrêter.

      Les crocs de la belle se relevèrent sur ses babines tremblantes sous l'effet de cette fureur. Ses poils, d'un rouge de sang, se hérissèrent sur sa nuque et son dos. La louve vacilla, les yeux clos, prête à bondir sur celui qui mettrait peut-être fin à sa vie.
      Et lorsqu'elle les rouvrit, la douleur fut si lourde, si intense, qu'elle n'y tint plus. Ses membres se dérobèrent sous son poids. Ses nerfs vibraient sous sa peau brulante. Et au fond de ses rétines, était gravé un regard, qui n'avait surement jamais existé.

      Ce regard.
    « Folie pure. [L] EmptyVen 20 Mai - 7:55
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   


      Le sable qui éclabousse ma robe, mes membres ..
      Le vent qui siffle son doux chant à mes oreilles ..
      La chaleur qui m'enveloppe et fait palpiter mes veines ..
      Et bien vois-tu ; je crois que je viens de découvrir ce qu'on appelle la liberté.

      Je pourrais bien m'écraser au sol que mes membres continueraient de galoper, pour que mon coeur, mes poumons, aient encore à les alimenter et à battre ce rythme effréné. Comme une musique en sourdine qui fait vibrer tout mon corps. Les dunes autour de moi pourraient bien voler en éclat, partir en fumée ou s'envoler, que rien ne m'arrêterait. Je veux courir, courir et ne jamais arrêter. Je croyais qu'auprès de mon troupeau, qu'en les guidant chaque jour et en leur vouant ma vie, je serais toujours comblé. Mais finalement, vois-tu, je n'en étais que le prisonnier. Les membres de mon troupeau ont été les barreaux dorés de ma cage. Alors qu'en me disant Roi je me croyais libre, j'ai aujourd'hui appris ce que signifie vraiment le mot « liberté ». En ce jour, dans cette étendue aride et vibrante par la chaleur, je sens en moi pulser cette frénésie encore jamais consumée depuis ces six longues années de vie. Les miens m'ont apporté beaucoup, ils étaient mon rêve de grandeur, ils étaient ma fierté. Pourtant, n'y renoncerais-je pas maintenant ? Alors même que je galope au côté d'une louve à laquelle je n'aurais du vouer que de la haine. Alors même que moi qui ne croyait jamais m'arrêter, je freine soudainement quand la dame blanche disparait à mon côté avec brusquerie. Où es-tu ? Non, ne t'en vas pas. Pas encore.

      Des quatre jambes, je fais demi-tour pour retrouver la vision de belle blanche, presque avec violence. J'avais peur qu'elle ne s'efface, que tout cela n'est été que le fruit de mon imagination, de ma folie. Mais non, tu es bien là. Différente de celle qui quelques secondes auparavant courrait contre mon flanc. Toute ta colère semble alors s'exprimer au travers de ton corps, tes poils se hérissant sur ton dos pour former cette crête significative. Dois-je avoir peur petite louve ? Que puis-je faire contre cela ? Peut-être ton comportement est-il justifié ; qu'en sais-je. Je n'ai pas envi de me battre, la belle, non je ne veux pas te battre. Tu peux bien m'ouvrir de tes crocs et me déchirer de tes griffes. Aujourd'hui n'est pas un jour de gloire, ou alors pas la mienne.
      Alors redresse-toi.
      Les souvenirs me frappent de plein fouet, aussi glacial que le blizzard d'hiver et aussi féroce qu'une vague haute de plusieurs mètres. Je manque de chavirer cette fois. Est-ce mes membres qui tremblent ainsi ou est-ce tout mon corps qui, de cette terrible image, tressaillit avec tant de brutalité ? Tétanisé, je suis incapable de faire un pas ou d'esquisser un mouvement, tel que quand je veux baisser la tête, mon corps refuse de répondre. Pourtant j'aimerais pouvoir glisser mes naseaux contre ton pelage, pour sentir que le souffle de la vie te porte encore. Comme cette autre fois, où déjà la Mort l'avait enfermé dans ses bras. Oh belle inconnue, le fantôme de Winter vit en toi. Cela ne peut être que ça. Cette idée me frappe comme un plein flanc, me coupant la respiration l'espace de quelques secondes. Je ne puis tuer l'être qui lui ressemble tant. Je ne puis esquisser un geste de violence envers un être porteur de tant de souvenirs. Image même de ma bataille, de mes regrets, de ce manque cruel. Reflet d'un être à jamais disparu.
      Non, ne me regarde pas comme ça.
      Trop de haine au fond de tes océans d'azur. Trop de fierté. Trop de ressemblance. Pardonne-moi belle inconnue, de ne pouvoir voir en toi qu'un fantôme. Winter, de nous deux tu es celle qui est fantôme, celle qui ne peut plus parcourir ces terres qui nous ont vu naître. Pourtant divine Alpha, tu es bien la plus grande de nous deux. Tu seras morte en combattante, avec honneur, tandis que moi je sombre dans la décadence. Le passé est désormais révolu, l'avenir ne s'écoulera plus jamais de la même façon. Car je ne puis la tuer, aussi vulnérable et détestable soit-elle dans le futur, je ne le pourrais jamais.


      « Je n'ai pas connaissance de ton nom, belle inconnue. Mais je vais te donner le mien et t'en souffler la définition. »

      Ma voix me paraissait étrangement forte et claire, comme si elle n'était pas atteinte par le déchainement chaotique qui faisait fureur en moi. Comme si le reste de mon corps ne frissonnait pas. Comme si je ne m'apprêtais pas à faire aveux de mes péchés, comme si je ne m'apprêtais pas à livrer l'origine de la sentence.

      « Je suis Opium Deal ; meurtrier d'une Reine et Roi en décadence. »

    « Folie pure. [L] EmptyVen 20 Mai - 10:03


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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   

        « Je n'ai pas connaissance de ton nom, belle inconnue. Mais je vais te donner le mien et t'en souffler la définition. »

      Ces mots bourdonnèrent à aux oreilles de la louve sans vraiment prendre leur sens. Futiles sons, stupides intonations. Il semblait à la blanche que, déjà, toute vie l'avait quittée. Pourtant, elle n'avait pas senti les sabots de l'étalon s'abattre sur son corps frêle. Ni la chaleur de son sang nourrissant la terre sèche .. Quelque chose manquait. Était-ce ce regard, qui avait, par sa simple présence, mit fin à son cauchemar ?

      Étalée dans le sable grenat, fouillant au plus profond les yeux de l'étalon, elle mendiait cet éclat. Et elle se doutait qu'il ne lui restait que quelques secondes de répit, avant que l'ennemi n'abatte sa fureur. Et pourtant, l'instant s'étira. Et la belle ne comprit les mots du mâle que lorsqu'il renchérit :

        « Je suis Opium Deal ; meurtrier d'une Reine et Roi en décadence. »

      Ses mâchoires se serrèrent, et ses crocs vinrent mettre à vif la chair de sa gueule. Le grondement à ses oreilles masquait maintenant tout autre son, jusqu'à devenir insupportable, invivable. L'air ne parvenait plus à s'engouffrer dans ses poumons qui criaient à la négligence, menaçant d'éclater. Elle avait eu raison. Alors qu'elle aurait donné sa vie pour, cette fois, s'être trompée. Elle avait deviné. Deviné que ce grand mâle n'était pas que l'un des siens, pas seulement un vulgaire pion sur le champ de guerre. Il était la cause de tout ceci. L'Ennemi. Le poison qui torturait les âmes sans jamais les tuer. Et la seule chose qu'il méritait pour ses crimes, c'était la mort. Une mort des plus atroces et des plus longues. Mais elle ne pouvait se résigner à l'attaquer. Pour la simple raison que lui, à cet instant, l'épargnait. Malgré toute la répulsion qu'il devait lire dans ses yeux. Malgré la chance qui s'offrait à lui, la simplicité avec laquelle il mettrait fin à tout ça.

      Alors Endless se redressa. Le corps secoué de soubresauts, les yeux vides de toute émotion. Elle lui fit face. D'une façon nouvelle. Elle ne lui témoigna plus aucune rancœur. Elle le laissa entrer en elle. Voir dans son cœur comme ses crimes lui pesaient.

        « Et moi je suis Endless. Disciple d'un Seigneur, et sœur de ton erreur. »

      Puis elle se détourna. Ses pattes la portèrent lourdement, luttant contre son esprit qui la priait de rester. Mais, elle n'en avait la force. Elle ne pouvait s'attarder ici, un instant de plus, face au responsable de sa mi-mort. Elle était forte, mais tout cela dépassait de bien trop loin sa raison. Déjà la folie se rappelait à elle, et cette fois, elle la fuirait. Jetant un dernier coup d'œil à son ennemi, elle songea à ce jour où elle aurait à agir. Car, bientôt, l'un d'eux devrait mourir.
    « Folie pure. [L] EmptySam 21 Mai - 2:20
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   


      Je croyais n'avoir jamais eu à regretter,
      Je pensais avoir toujours été juste,
      J'espérais ne m'être jamais trompé,
      Mais grâce à vous, belles blanches, mes convictions ont volé en éclats.

      Tu faisais face à nouveau. Pourtant c'est comme si la haine t'avait déserté, en l'espace de quelques secondes. Était-ce possible ou n'était-ce qu'une feinte pour tenter m'abattre, moi l'étalon de jais ? Alors devrais-je être sur mes gardes, me méfier et préparer mes sabots tranchants à te hacher menu si tu tentais une attaque surprise ? Banalité. Futilité. Regarde-moi bien petite louve, attaque-moi si tu le souhaites. Arrache-moi la peau, découpe-moi en morceaux ; venge-toi. Et tu me libèreras. La douleur pourra enfin abandonner mon cœur et peut-être que, l'instant où mon esprit atteindra le ciel, je croiserais à nouveau le regard de l'Alpha, ce regard si intense qu'il m'en donne encore des frissons. L'excitation, la haine, le respect, les regrets .. Le manque. Que n'ai-je pas ressenti pour la noble Winter ? Et toi, petite louve, que n'as-tu jamais ressenti pour elle ? Es-tu seulement sure d'avoir été à la hauteur de ses espérances ?

      « Et moi je suis Endless. Disciple d'un Seigneur, et sœur de ton erreur. »

      Car moi, je ne crois pas l'avoir déçu, Endless. Mais maintenant il devient pourtant plus dur encore de te regarder et de ne pas y voir cette noble louve, de ne pas être accablé de remords. De se dire que tu étais sa sœur .. Sa sœur. Que ferais-je si on m'arrachait la mienne ? Je ne pensais pas au conséquences de mon acte ce jour-là ; j'étais aveuglé par la haine tout autant qu'elle l'était par la sienne. Comprends-nous la belle, l'un de nous deux devait mourir. Je ne pouvais pas fuir comme un lâche ou me laisser dépecer par la grande blanche ; c'était elle ou moi. Et ce fut elle. Mais si aujourd'hui, tu veux rejouer la scène, alors vient. Et dansons ensemble ; ce sera moi.

      Je ne t'ai jamais touché et pourtant je vois, je sais, je le sens, j'ai réussi à te briser.
      Sans même te connaitre, j'ai contribué au lent écroulement de ta vie.
      Alors que tu étais partie, loin de ceux que tu chérissais et ne pouvais protéger, je l'ai abattu.
      Mais maintenant je suis devant toi, alors que la vie m'a détruit ; veux-tu en profiter ?

      As-tu conscience que jamais encore, moi, dominant des chevaux, Roi parmi les miens, je ne me suis présenté devant un ennemi sans haine et sans être prêt à suer corps et âme pour le tuer ? Et toi tu me tournes pourtant le dos. Tu t'en vas. Je ne comprends plus belle blanche, ce qui se passe entre nous. Je ne puis te tuer et tu ne veux m'achever. Ne sommes-nous pas censés être les pires ennemis que cette île a connu ? Nos espèces se détestent et se déchirent. Et nous .. Nous perdons la raison. Tout comme Winter l'avait fait, sans que je ne sache jamais pourquoi. C'est cela que tu ne sais pas, grande louve, c'est cela qu'il manque à ton puzzle. Entend mon appel.


      « Attends, Endless. Toute la vérité doit être contée, n'est-ce pas ? »

      Les souvenirs me sont revenus, limpides. Aussi clair que le calme qui règne soudain en moi, juste en cet instant où tu acceptes de poser à nouveau tes yeux d'azur sur moi. Au moment même où je vais te donner un nouveau mystère à éclaircir, une nouvelle voix à suivre. Un fil pour te tenir à la vie.

      « Ce jour-là, Winter savait qu'elle allait mourir et elle n'a pas reculé devant la Mort. Elle la cherchait. »
    « Folie pure. [L] EmptyLun 23 Mai - 5:26


    Dernière édition par Opium Deal le Ven 17 Juin - 11:08, édité 1 fois
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   

      Elle avait tourné le dos. Elle offrait sa vie à l'Ennemi. Elle lui laissait la possibilité de l'abattre. Comme cet acte l'aurait déçu. Comme il se serait senti trahit par une telle résistance. Mais à cet instant, Endless n'était plus. Elle avait oublié son Roi, sa Soeur, son nom. Seuls restaient en elle les battements irréguliers de son cœur, et la douleur. Une douleur si profonde que sa mélodie vibrait d'un timbre funeste. Une souffrance si noire qu'elle empêchait ses yeux de voir : devant elle s'étendait une vague tâche rougeâtre.

      Un son lui parvint. Un murmure. Lointain.

        « Attends, Endless. Toute la vérité doit être contée, n'est-ce pas ? »

      La louve s'arrêta. Ne daigna pas faire face à l'étalon. Qu'il garde ses histoires pour ceux de son espèce ! Ceux qui raffolent de la mort et des contes de guerre. Chaque soupir, chaque battement de cœur dans la poitrine d'Opium résonnait comme un cri dans l'esprit de la louve.
      Retiens-moi quelques instants de plus, animal des Enfers, et je planterai mes crocs dans ta chair brûlante.
      Le regard d'azur d'Endless croisa enfin le sien. Plein d'une nouvelle rancœur et d'un dégout profond.

        « Ce jour-là, Winter savait qu'elle allait mourir et elle n'a pas reculé devant la Mort. Elle la cherchait. »

      La fureur fut incontrôlable. D'un geste fluide, rapide, la louve se redressa, et ses pattes fléchirent, en position d'attaque. Plus rien n'existait mis à part sa cible. Mis à part l'artère palpitante dans la large encolure de l'étalon d'ébène. Un unique coup de crocs, et s'en serait fini.

        « Réserve tes récits de gloire aux créatures assez viles pour s'en soucier ! », siffla-t-elle. « Et laisse son souvenir te torturer chaque jour de ta pitoyable existence ! Je ne te laisserai pas te départir de ta souffrance en me contant tes états-d'âme ! »

      S'en était plus que la belle ne pouvait supporter. Et tandis que le hurlement de la vengeance traversait tout son être, elle songea à la cause de tous ses tourments. A ce responsable, qui se tenait face à elle, insultant le nom de sa Soeur disparu, chantant sa victoire à quiconque veut l'entendre.

      Cette pensée la secoua au plus profond d'elle même, et d'un mouvement rapide, la belle bondit sur l'étalon, la mâchoire prête à se refermer sur sa peau venimeuse.
    « Folie pure. [L] EmptyMar 24 Mai - 3:43
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    Sujet: Re: « Folie pure. [L]   


      Tu m'as tourné le dos, proie facile à mes sabots.
      Vois-tu, tu t'es donnée en pâture tout comme elle l'avait fait.
      Mais Winter a combattu ce jour-là, elle a enfoncé des lames dans mon poitrail.
      Aujourd'hui, ne veux-tu pas combattre comme elle ? Plante toi aussi tes crocs dans ma chair.
      Et ne me loupe cette fois.

      Ta colère et ton désarroi imprègnent l'air, petite louve. C'est le poison qui lentement coule dans tes veines, qui nourrit tes muscles, parcourt ton sang. Je le sens jusqu'ici, je le vois te parcourir tandis que ta peau tressaille violemment, j'en entend le tambourinement puissant. Parce que je connais ce chant, je connais cet appel. Je le lis dans ton regard azuré, comme si le passé s'ouvrait devant moi. Reflet même de ce que j'aurais préféré oublier. La haine te dévore et fait régner la chaos au coeur de ton être, jusqu'à embrumer ta raison. Non, je sais que tu ne vois pas plus loin que le bout de ton museau. Je le sais mais comment te l'expliquer ? Car tu déverses sur moi ce torrent de mots crachés, cette rivière d'insultes.

      « Réserve tes récits de gloire aux créatures assez viles pour s'en soucier ! »

      Récits de gloire ; crois-tu réellement que c'est encore cela que je ressens ?
      Regarde moi bien belle dame ; penses-tu vraiment que je sois glorieux aujourd'hui ?

      « Et laisse son souvenir te torturer chaque jour de ta pitoyable existence ! »

      Son souvenir me torture depuis longtemps, grande dame.
      Et il ne cessera jamais, que j'ai ou non ta compassion.
      Tu ne pourras jamais régir mon être, n'oublie pas cela.
      Quoi qu'il advienne, je reste maitre de mon âme.

      « Je ne te laisserai pas te départir de ta souffrance en me contant tes états-d'âme ! »

      Et même si je le faisais, cela ne suffirait pas.
      J'ai bien trop mal .. depuis son départ.

      Tu ne te rends pas comptes ; n'est-ce pas ? Tu ne me crois pas capable de regrets. Tu ne me crois pas capable de peine ou d'amour. Tu ne me crois fait que de sentiments malsains et destructeurs. N'es-tu donc pas capable de lire en moi, belle dame ? N'arrives-tu pas à décrypter cette profonde tristesse qui m'habite pourtant ? Je ne suis pas père que de haine, s'il te plait, tu dois adhérer à cette idée. Je ne suis pas le monstre que tu vois. Non, je ne suis pas que ce Roi, tueur de loups et vengeur de son peuple.
      Pardonne-moi Winter, mais je ne suis pas assez fort pour être celui qu'a conté ton peuple.


      « Endless, écoute-moi. Une dernière fois. »

      Juste cette fois, écoute-moi et bois mes paroles. Tu te dois de me faire confiance car tandis que toi tu vagabondais, moi je vivais ici, près de ta soeur que tu semblais tant chérir. Et ce jour-là, je me suis trouvé face à elle. Je l'ai combattu, j'ai perdu la raison devant ses yeux comme deux puits sans fond. Je me souviens encore de chaque instant, de chaque minute. Et je peux te dire.
      Mais je vois, tu vas attaquer. Comme cette autre fois, tu te lances en avant, sans prendre compte de la dangerosité de ton action. Et comme la première fois, je pourrais m'élever sur mes postérieurs et te frapper de plein fouet. Mon poitrail porte sa marque, elle ne portera pas la tienne. Ce n'est pas encore le moment. Prends patiente belle louve.
      Plus prompt que ce jour-là, je puise dans les forces qu'il me reste et fait un bel écart à gauche pour échapper à ton attaque et à tes crocs qui veulent m'enlever la vie. Je ne t'attaque pas, je montre à peine une once d'agressivité. N'attends pas de moi que je te combatte grande dame, puisses-tu même me traiter de lâche par ce fait. Je ne pourrais pas détruire ce corps qui est le tien, qui est le sien aussi. Je ne me permettrais pas d'achever cet esprit si brillant, qui fait vivre pour moi la mémoire de ma tendre ennemie. Vit Endless.


      « Ta soeur n'est pas morte en vain, elle savait ce qu'elle faisait. Je la connaissais assez pour savoir qu'elle n'est pas venue se confronter à moi sans avoir de quoi me renverser. » Crois-moi petit louve, Winter était bien loin d'être bête, tu le sais aussi bien que moi. Elle ne serait pas battue en sachant qu'elle mourrait sans rien donner en retour aux siens. « Va voir Djamay, son successeur, je suis certain qu'il pourra t'éclairer sur les raisons de sa mort. Lui sait. »
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